Pulse d’Aino Suni, sous la beauté des néons, une histoire d’amour et de toxicité

Avec son premier film de fiction, la réalisatrice finlandaise mêle teen movie et thriller psychologique, et signe une œuvre parfois un peu maladroite mais sublimée par une photographie et une mise en scène spectaculaire.

Bande annonce de Pulse d’Aino Suni / Crédit : Wayna Pitch, Ad Astra FIlms

Pulse est plein de promesses. Sa bande annonce au montage effréné laisse apercevoir une mise en scène spectaculaire, complimentée par une photographie électrique. Effectivement, Pulse est tout ça, mais c’est aussi une histoire d’amour et d’amitié d’une extrême toxicité

Alors que sa mère décide d’emménager chez son compagnon dans le Sud de la France, Elina (Elsi Sloan), passionnée de rap, est contrainte de la suivre et de quitter la Finlande. Elle fait alors la connaissance de Sofia (Carmen Kassovitz), sa nouvelle demi-sœur et apprentie danseuse étoile. Très vite, un lien particulier se tisse entre les deux jeunes filles.

Pulse d’Aino Suni / Crédit : Port au Prince Pictures / Kerttu Hakkaraine

Deux mondes que tout oppose

Pour son premier long métrage de fiction, Aino Suni signe une œuvre dans laquelle les opposés s’attirent et se déchirent. Au vert des cheveux d’Elina s’oppose le rose de la chambre de Sofia ; au rap s’oppose la danse classique ; à l’amour s’oppose la haine et au teen movie attendu s’oppose le thriller psychologique… La mécanique est simple mais efficace et Pulse mêle les genres de manière plutôt habile.

Grâce à une sublime photographie néon, de belles idées de mise en scène (notamment lors des séquences de danse) et une bande originale travaillée, le film retient l’attention et marque les esprits. La directrice de la photographie (Kerttu Hakkarainen), la cheffe costumière (Julia Fouroux), la réalisatrice et le compositeur (Jean-Benoît Dunckel) ont fait un travail remarquable et c’est indéniablement la plus grande qualité du film. Pourtant, Aino Suni n’a aucunement sacrifié son scénario au profit d’une esthétique léchée, et c’est plutôt plaisant. 

Pulse d’Aino Suni / Crédit : Port au Prince Pictures / Kerttu Hakkaraine

Un premier film au scénario efficace

Malgré quelques lenteurs et quelques répliques maladroites, le propos du film est bien ficelé. Au fur et à mesure que l’histoire d’obsession et de manipulation entre les deux filles avancent, de belles scènes de tension émergent, même si elles n’atteignent jamais l’apogée souhaitée. C’est pourtant dans ces moments-là qu’on perçoit tout le talent de l’interprète Elsi Sloan, qui livre une prestation inégale mais impressionnante quand on sait qu’iel ne maîtrisait pas du tout le français.

Faisant parfois écho à Into the Void de Gaspar Noé, Spring Breakers d’Harmony Korine ou encore Grave de Julia Ducournau, Pulse est très beau, quoique tirant parfois un peu trop du côté du clip plutôt que du film. Peut-être pas encore tout à fait convaincant, il est en tout cas rempli de très belles promesses pour l’avenir de la cinéaste.

Pulse d’Aino Suni / Crédit : Port au Prince Pictures / Kerttu Hakkaraine

Qui est Aino Suni ?

Aino Suni est une réalisatrice et scénariste finlandaise. Diplômée d’un master de scénario à l’Université de Salford, en Angleterre, elle fait rapidement ses premiers pas derrière la caméra en réalisant plusieurs courts-métrages : Sudenveistäjä (2011) et Seuraava taso (2015). Avant de tourner Pulse (Heartbeast en anglais), Aino Suni a réalisé le documentaire Never Again (2018) sur la rappeuse finlandaise Mercedes Bentso. Le personnage d’Elina dans Pulse est d’ailleurs librement inspiré de cette artiste. Premier long métrage de fiction de la réalisatrice, Pulse est sélectionné aux Jussi 2023 (l’équivalent finlandais des César) dans quatre catégories : meilleur film, meilleur espoir (pour Elsi Sloan), meilleure photographie et meilleure musique originale.

Pulse, un film d’Aino Suni avec Elsi Sloan et Carmen Kassovitz. Au cinéma depuis le 22 février.

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