« Love Lies Bleeding » de Rose Glass, romance survoltée

Au début de Love Lies Bleeding : des corps et des fluides. D’abord ceux d’hommes transpirants, poussant de la fonte dans la salle de sport miteuse d’une petite ville du Nouveau-Mexique. Puis celui de Lou (géniale Kristen Stewart), la gérante de cette salle dont le bras est plongé à l’intérieur d’une cuvette de toilettes remplie de vomi et d’excréments. Et enfin celui de Jackie (exceptionnelle Katy O’Brian), captivante bodybuildeuse qui attire tous les regards, dont celui de Lou. Entre les deux femmes, le coup de foudre est immédiat et les voilà embarquées dans une histoire d’amour sensuelle et passionnée, qui tournera rapidement au vinaigre… 

(c) Metropolitan Film Export

Après le génial Saint Maud qui parvenait à faire jaillir du malaise de toutes les situations, Rose Glass prouve une nouvelle fois qu’elle maîtrise à la perfection la tension et les changements de registre. La romance d’abord, la comédie ensuite mais surtout le thriller et même le fantastique : cet objet cinématographique survolté défie toutes nos attentes et use habilement du montage pour signifier la violence (patriarcale) du monde qui entoure Lou et Jackie. Une violence qui s’extériorise dans des scènes souvent délicieusement gores. 

(c) Metropolitan Film Export

Film charnel et sensoriel par excellence, Love Lies Bleeding offre à sa réalisatrice le terrain idéal pour explorer le genre du body horror. La préparation de Jackie pour sa compétition de culturisme se transforme alors en une véritable expérience viscérale qui finira par l’élever au rang de super-héroïne dans une scène absolument jouissive. 

Mais la charge érotique de ce film – qui passe indéniablement par l’alchimie électrique entre les deux actrices – est aussi multipliée par la bande son electro kitch (qui évoque vaguement certains standards de club de strip-tease) qui donne au film sa couleur si particulière (et so 90s’).

(c) Metropolitan Film Export

Derrière cette histoire d’amour teintée de vengeance se cache aussi un féroce récit d’émancipation de deux femmes qui cherchent à s’aimer et à s’épanouir dans un monde patriarcal dans lequel la violence s’impose comme seule option. Reste à savoir si la liberté les attend effectivement au bout du chemin…

LOVE LIES BLEEDING de Rose Glass (1h44), sortie le 12 juin

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