Houria de Mounia Meddour, danser pour mieux se reconstruire

Dans la continuité de Papicha, le nouveau film de la réalisatrice captive par son énergie, sa troupe d’actrices, sa représentation de la sororité dans l’Algérie actuelle et ses scènes de danse, filmées comme des combats.

Houria de Mounia Meddour, au cinéma depuis le 15 mars

Le jour, Houria s’entraîne sans relâche pour devenir une danseuse étoile. La nuit, elle fait des paris clandestins lors de combats de béliers. Elle espère ainsi gagner un peu d’argent pour offrir une voiture à sa mère, également sa professeure de danse, qui l’élève seule depuis la mort de son père. Mais un jour, alors qu’elle remporte la mise, elle est violemment agressée par un homme qui veut se venger. Gravement blessée, elle voit ses rêves s’envoler et, aidée par une communauté de femmes, elle va devoir se reconstruire

Houria (Lyna Khoudri) s’entraîne sans relâche pour devenir une danseuse étoile / Crédit : HOURIA_INK_CONNECTION_HIGHSEA_PRODUCTION_2022

Portrait de femmes enflammées

Comme avec son précédent long métrage Papicha, Mounia Meddour continue son exploration de la société algérienne actuelle, en illustrant ses richesses culturelles, notamment avec son langage si particulier. Houria met en scène une communauté de femmes fortes, puissantes et combatives, qui se relèvent des épreuves de leur passé. Parmi elles, Houria (merveilleusement interprétée par Lyna Khoudri) et Sonia (l’épatante Hilda Amira Douaouda, également dans Papicha) qui aspirent à un avenir meilleur dans une Algérie, elle aussi en reconstruction et encore majoritairement patriarcale. À travers l’histoire des ces femmes pour la plupart mutiques (symbole d’une société qui ne veut pas les écouter), il est surtout question de sororité, et de l’énergie galvanisante qui s’en dégage. 

Houria met en scène une communauté de femmes fortes, puissantes et combatives / Crédit : HOURIA_INK_CONNECTION_HIGHSEA_PRODUCTION_2022

Danser comme combattre

Dans Papicha, l’héroïne voyait dans le stylisme et la mode une certaine forme de libération et d’indépendance. Dans Houria, c’est la danse qui va venir la sauver et lui permettre de se reconstruire. Alors qu’elle a perdu l’usage de la parole, la danse lui offre la possibilité de s’exprimer et d’extérioriser ses traumatismes. Chaque scène de danse est alors filmée comme un combat, ou comme une préparation à un combat, avec une intensité qui est accentuée par le regard déterminé de Lyna Khoudri. Sublimé par la magnifique photographie de Léo Lefèvre (déjà chef opérateur sur Papicha), Houria nous emporte dans un tourbillon d’émotions et nous laisse à la fois bouleversé.es et exalté.es

Dans Houria, c’est la danse qui va venir la sauver et lui permettre de se reconstruire / Crédit : HOURIA_INK_CONNECTION_HIGHSEA_PRODUCTION_2022

Qui est Mounia Meddour ? 

Mounia Meddour est une réalisatrice, scénariste et productrice franco-algérienne. Après des études de journalisme, elle se forme au cinéma au début des années 2000. C’est en réalisant des documentaires qu’elle fait ses débuts derrière la caméra, d’abord en 2007 avec Particules élémentaires, puis en 2009 avec La Cuisine en héritage. En 2011, elle commence son exploration de la jeunesse algérienne avec le documentaire Cinéma algérien, un nouveau souffle. La même année, elle s’aventure dans la fiction avec son premier court métrage Edwige. Elle dévoilera son premier long métrage Papicha en 2019, révélant à la fois son talent derrière la caméra mais aussi celui de Lyna Khoudri. Sélectionné à Cannes dans la catégorie “Un certain regard”, il sera aussi sélectionné pour représenter l’Algérie aux Oscars et il remportera ensuite deux Césars : meilleur premier film et meilleur espoir féminin. Houria est son deuxième long métrage.

HOURIA de Mounia Meddour, avec Lyna Khoudri, Rachida Brakni et Nadia Kaci. Au cinéma le 15 mars 2023.

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