107 Mothers, Une immersion dans une prison pour femmes

107 Mothers mêle documentaire et fiction à la perfection. Grâce à la caméra du réalisateur slovaque Péter Kerekes, le spectateur plonge à l’intérieur d’une prison pour femme en Ukraine, à Odessa. Dans cette prison se trouvent 107 femmes qui ont donné naissance à leur enfant pendant leur incarcération. 

Là-bas, les femmes peuvent s’occuper de leurs enfants quelques heures par jour jusqu’à ses trois ans. Après ça, elles doivent confier l’enfant à un membre de leur famille ou alors il partira à l’orphelinat. C’est cette décision que doit prendre Lyesa dans le film et c’est cette histoire qu’on suit, de la naissance (très graphique !) de l’enfant à son départ trois ans après. 

Le film s’inspire des histoires des véritables prisonnières et de la gardienne de prison. Elles jouent leur propre rôle dans le film et livrent leurs histoires face caméra. Seule Lyesa, le personnage principal, est une actrice professionnelle, et elle livre une prestation quasi-muette d’une incroyable justesse. Pour préparer le film, le réalisateur et son équipe ont d’ailleurs passé plusieurs années dans cette prison avec ces détenues.

Le film se déroule en deux parties. La première est ultra réaliste et installe le décor, tout en dressant des portraits des différentes femmes de cette prison : les prisonnières comme les gardiennes (une en particulier). La deuxième partie est plus scénarisée même si elle n’en reste pas moins réaliste et on va vraiment suivre le combat de Lysea alors qu’elle essaie d’assurer le meilleur avenir possible à son fils. 

Au-delà de l’exploration d’un microcosme méconnu, ce film documentaire est aussi impressionnant visuellement. Le réalisateur oppose la froideur de la prison à l’amour de la chaleur maternelle, ce qui donne un film d’une grande humanité. De plus, le montage intègre de manière assez intelligente l’idée de censure en vigueur dans la prison : comme les courriers qui viennent de l’extérieur, le témoignage des prisonnières seront entrecoupés d’écran noir. 

AUTOUR DU FILM : 3 CHOSES À SAVOIR 

1/ La prison représentée dans le film, La Colonie 74 d’Odessa, est une des deux seules prisons d’Ukraine où les jeunes mères peuvent être incarcérées. 

2 / Le film a reçu le Prix Horizon du meilleur scénario au Festival International du Film de Venise en 2021. 

3/ L’idée du film vient d’un magazine aux pages censurées que le réalisateur et son directeur de la photographie ont trouvés en Arabie Saoudite. Ils avaient dans l’idée de réaliser un documentaire sur la censure mais c’est en rencontrant Iryna, la gardienne de la prison en charge de la censure des courriers, qu’ils ont décidé de faire un film sur cette prison et les prisonnières.