Eternal Daughter de Joanna Hogg, un conte plein de fantômes et de brouillard

Si le mois de mars sera l’occasion pour beaucoup de découvrir les œuvres de la réalisatrice britannique, c’est aussi ce mois-ci qu’elle dévoile son dernier long métrage, un conte gothique et brumeux, porté par Tilda Swinton. 

Bande annonce du film Eternal Daughter / Crédit : A24

Dans Eternal Daughter, le nouveau film de la réalisatrice britannique Joanna Hogg, il est question de souvenirs, de brouillard et surtout de Tilda Swinton. L’histoire commence dans un hôtel perdu en pleine campagne, où Julie, réalisatrice en quête d’inspiration, se rend quelques jours en compagnie de sa mère. Alors que ce séjour offre à sa mère l’occasion de se replonger dans ses souvenirs de jeunesse, Julie a l’étrange sensation qu’une présence inquiétante hante ces lieux. 

Jeu de miroirs

Dans ce conte gothique aux allures hitchcockiennes, Joanna Hogg plonge au cœur de son intimité en se concentrant sur le personnages de sa mère. En confiant le rôle de la mère et celui de la fille à Tilda Swinton, elle pousse à l’extrême à la fois l’idée du huis-clos, celle de l’introspection, et de la mise en abyme. Dans un jeu de miroir impressionnant, Joanna Hogg flirte avec le surnaturel pour permettre une meilleure exploration des relations si particulières qui peuvent exister entre une mère et sa fille. 

Joanna Hogg flirte avec le surnaturel pour permettre une meilleure exploration des relations si particulières qui peuvent exister entre une mère et sa fille / Crédit : Condor Distribution

Un conte à l’esthétique soignée

À mi-chemin entre la fable fantastique et la séance de psychanalyse, Eternal Daughter fascine surtout par sa photographie, entre néon et brume, et son travail sur le son qui nous invite à nous immerger dans un univers mystérieux et envoûtant. Le tout délicatement accompagné par l’interprétation de Tilda Swinton, tout en douceur et subtilité, qui donne au film ce côté nostalgique. Malgré son rythme lent (parfois trop?), Eternal Daughter est une histoire de fantômes poétique, qui n’est pas sans rappeler Flacon Lake de Charlotte Le Bon, sorti en fin d’année dernière. 

En confiant le rôle de la mère et celui de la fille à Tilda Swinton, elle pousse à l’extrême à la fois l’idée du huis-clos, celle de l’introspection, et de la mise en abyme / Crédit : Condor Distribution

Qui est Joanna Hogg ?

Joanna Hogg est une réalisatrice britannique, diplômée de la National Film and Television School, une école de cinéma anglaise. Elle fait ses débuts derrière la caméra à la télévision et réalise son premier court métrage Caprice en 1986. C’est avec ce projet qu’elle collabore pour la première fois avec Tilda Swinton. Elle tourne ensuite son premier long métrage en 2007 : Unrelated. Avec ce film, elle offre à Tom Hiddleston son premier rôle au cinéma, ainsi que son deuxième rôle dans son second long métrage Archipelago en 2010. Son troisième long métrage Exhibition sort en 2013, mais c’est avec ses quatrième et cinquième longs métrages qu’elle accède à la reconnaissance internationale : The Souvenir Part I (2019) et Part II (2021), présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Eternal Daughter est son sixième long métrage ainsi que sa quatrième collaboration avec Tilda Swinton. Il a fait partie de la sélection officielle à la Mostra de Venise en 2022. 

Tilda Swinton dans Eternal Daughter de Joanna Hogg / Crédit : Condor Distribution

À redécouvrir au cinéma le 29 mars

Caprice (1989)

Premier court métrage de la réalisatrice, Caprice comporte déjà plusieurs idées caractéristiques de son cinéma : une touche de fantastique, de l’introspection et Tilda Swinton, dans un de ses premiers rôles. Pendant 26 minutes, Caprice transporte son héroïne au cœur des pages d’un magazine féminin et propose une réflexion amusante et pertinente sur la presse féminine et notre société de consommation. Le tout avec beaucoup de créativité et d’inventivité, un délice !  

Tilda Swinton dans Caprice, le premier long métrage de Joanna Hogg, au cinéma le 29 mars 2023

The Souvenir Part I & Part II

Réalisé en 2019 et en 2020, ce diptyque poétique et intime, sorti en salle en 2022, a permis à la France de découvrir le talent de Joanna Hogg. Portés par Tilda Swinton et sa fille, Honor Swinton Byrne, les films explorent la relation toxique entre Julie et Anthony, de ses débuts à sa chute inévitable, qui poussera Julie à réaliser son film de fin d’étude. Véritable ode au cinéma, The Souvenir Part I et Part II ont été projetés à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2021.

Véritable ôde au cinéma, The Souvenir Part I et Part II ont été projetés à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2021 / Credit : Condor Distribution

Unrelated (2007), Archipelago (2010) et Exhibition (2013)

Tous avec Tom Hiddleston au casting, les trois premiers long métrage de la réalisatrice plongent dans l’intimité de ses personnages, aussi un groupe d’ami.es, une famille qu’un couple. Qu’ils se déroulent en plein été, en plein air ou en intérieur, ces trois films témoignent déjà du talent de Joanna Hogg pour composer des plans artistiques. 

Tom Hiddelston dans Unrelated de Joanna Hogg, son premier rôle au cinéma / Credit : Condor Distribution

ETERNAL DAUGHTER, réalisé par Joanna Hogg avec Tilda Swinton. Au cinéma le 22 mars.

>>> Lire aussi : QUI ÉTAIT IDA LUPINO ? RÉALISATRICE OUBLIÉE DES ANNÉES 1950