Pour son premier long métrage, la réalisatrice signe un film important qui dresse le portrait tout en douceur de la reconstruction d’une enfant de 12 ans, parfaitement interprétée par Zelda Samson.
Dalva a 12 ans mais elle s’habille et se maquille déjà comme une femme. Un jour, la police la retire violemment du domicile de son père pour la placer dans un foyer pour enfants suspecté.es de subir des maltraitances. Pour Dalva, la justice a commis une grosse erreur : elle et son père s’aiment profondément, et jamais il ne lui fera du mal. Petit à petit, au contact de son éducateur et des autres adolescent.es, Dalva va se libérer de l’emprise de son père et entamer sa reconstruction.
Au plus près des personnages
Rares sont les films qui traitent aussi frontalement de l’inceste et c’est sans aucun doute ce qui fait de Dalva un film important et nécessaire. Pour raconter cette histoire délicate et bouleversante, Emmanuelle Nicot fait le choix de toujours garder une certaine distance avec ses personnages, évitant ainsi le piège du drame larmoyant, mais tout en les plaçant véritablement au cœur de son récit, et de ses plans, choisissant alors de tourner son film au format carré.
Elle supprime ainsi tout ce qui n’a pas un lien direct avec ses protagonistes, aussi bien dans son scénario que dans le cadre, et opte pour un récit serré, dépourvu de toute distraction, qui accorde une grande place à l’évolution des personnages.
“On était tout le temps en caméra à l’épaule pour obtenir une vibration humaine, une respiration de chaque instant. On était très proches de Dalva mais très libres aussi dans nos mouvements. Je ne voulais pas d’une mise en scène trop contraignante pour mes acteurs.”
Emmanuelle Nicot, réalisatrice de Dalva
Une construction délicate
Dalva raconte aussi l’histoire de la reconstruction d’une enfant exposée à des problématiques adultes. Cet écart entre deux mondes est parfaitement retranscrit dans le film grâce à une alternance de séquences plus dramatiques et de séquences plus légères (les jeunes acteur.ices de la réalisatrice ont pour la plupart un très bon timing comique).
Autour de Dalva (joliment interprétée par Zelda Samson, dénichée lors d’un casting sauvage et dont c’est le premier film) gravitent des éducateurs. Un en particulier, incarné par Alexis Manenti (Les Misérables) qui est très touchant. Tout en nuance et subtilité, le film parle aussi d’amour et de la difficulté pour la jeune fille d’apprendre à aimer après avoir été abusée par son père (le premier titre du film était d’ailleurs L’amour selon Dalva).
Dalva parvient à faire passer son message avec douceur et pédagogie, traitant d’un sujet lourd et compliqué avec beaucoup de simplicité. Résultat, Emmanuelle Nicot signe finalement un film lumineux et plein d’espoir.
Qui est Emmanuelle Nicot ?
Réalisatrice et scénariste belge, Emmanuelle Nicot signe avec Dalva son premier long métrage. L’idée du film lui est venue pendant la réalisation de son second court métrage À l’arraché (2016). Alors en immersion dans un centre d’accueil d’urgence pour adolescentes, elle avait croisé la route d’une enfant de 6 ans, victime d’inceste, qui comme Dalva pensait être dans une relation amoureuse avec son père. La réalisatrice s’est alors inspirée de cette histoire pour son premier long métrage, puisant également dans les expériences de son entourage et notamment de son père, ancien éducateur. Dalva a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2022.
DALVA, un film d’Emmanuelle Nicot avec Zelda Samson, Alexis Manenti et Fanta Guirassy. Au cinéma depuis le 22 mars
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