Une histoire d’amour et de fantômes. À l’image du film, le synopsis officiel est énigmatique. Pour sa première réalisation, Charlotte Le Bon opte pour une magnifique œuvre hybride et fascinante, entre le teen movie et le film fantastique. Le temps d’un été, Bastien est invité avec sa famille chez Louise, une amie de sa mère qui habite au bord du Lac Falcon au Canada. Là-bas, il se lie d’amitié avec Chloé, la fille de Louise. Un peu plus âgée que lui, elle est fascinée par les fantômes et par une légende urbaine bien précise : le fantôme d’un enfant mort noyé hanterait le lac.
Un film singulier
Un rapide coup d’œil aux affiches officielles du film le confirme : Falcon Lake est un film fascinant, captivant, poétique et hypnotique. De ce teen movie dans lequel les premiers émois amoureux dialoguent avec le spectre de la mort se détache une atmosphère singulière. Probablement grâce à sa photographie sublime. Mais aussi à son scénario d’une grande douceur. Les choses se dévoilent au fur et à mesure, jusqu’au dénouement qui nous donne envie de plonger dans le film une deuxième fois. La réalisatrice dessine un portrait délicat de l’adolescence : de la naissance des sentiments aux premières déceptions, le tout accompagné d’un douloureux sentiment de solitude ou de “mélancolie”, selon Charlotte Le Bon. Joseph Engel (Bastien) et Sara Montpetit (Chloé) donnent vie à ces deux protagonistes avec beaucoup de justesse, de talent et d’innocence.
S’inspirer de l’intime
Malgré son décor digne des plus grands films d’horreur (un chalet isolé dans des bois près d’un lac), Falcon Lake est une romance intimiste et tragique. Si le film est librement adapté d’un roman graphique, Charlotte Le Bon s’est réappropriée le récit pour en faire “une œuvre intime”, et lui trouver “une nouvelle identité”. Elle situe son film dans la région des Laurentides au nord-ouest de Montréal, une région dans laquelle elle allait souvent enfant. Une façon aussi pour elle de faire baigner le récit dans sa culture québécoise, malgré un personnage principal français. Mais si Falcon Lake est aussi marquant et touchant, c’est parce qu’il explore brillamment les sentiments liés à l’adolescence. Encore une fois, c’est dû au fait que la réalisatrice y a mis beaucoup de son intimité. Elle explique : “J’ai vécu moi-même ces instants de doute propres à l’adolescence, d’un point de vue aussi bien sexuel qu’existentiel”. Résultat, Falcon Lake est une œuvre douce, mystérieuse et criante de vérité.
Qui est Charlotte Le Bon ?
Le nom de Charlotte Le Bon vous dit probablement quelque chose, et ça ne serait pas surprenant. Avant de faire ses débuts derrière la caméra, Charlotte Le Bon s’est illustrée devant la caméra du petit et grand écran. Née à Montréal, elle arrive en France à l’âge de 23 ans. Après plusieurs années à travailler comme mannequin, elle fait ses débuts à la télévision en présentant la météo sur Canal +. Rapidement, le cinéma lui ouvre les portes et elle obtient des rôles dans des comédies comme Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012), La Stratégie de la poussette (2012) ou L’Écume des Jours (2013). Elle se dirige ensuite vers des rôles plus dramatiques, notamment celui de la muse Victoire Doutreleau dans Yves Saint Laurent (2014). Pour ce rôle, elle est nommée aux Césars comme meilleure actrice dans un rôle secondaire. En parallèle de sa carrière d’actrice, elle fait ses débuts en tant que réalisatrice avec son premier court métrage Judith Hotel, sélectionné à Cannes en 2018. Quatre ans plus tard, elle y projettera son premier long métrage Falcon Lake, dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs.