Un petit frère, la fresque familiale lumineuse et émouvante de Léonor Serraille

Avec son deuxième long-métrage, la réalisatrice de Jeune Femme nous plonge au cœur du quotidien d’une famille franco-africaine pendant 30 ans. Une fresque lumineuse, touchante et merveilleusement interprétée.

Annabelle Lengronne dans Un petit frère / Crédit : Blue Monday Productions – France 3 Cinéma

Cinq ans après Jeune Femme (2017 – Caméra d’Or à Cannes), Léonor Serraille est de retour avec Un petit frère, une œuvre romanesque qui suit l’évolution d’une famille franco-africaine sur 30 ans. À l’aide d’une mise en scène lumineuse (sa cheffe opératrice Hélène Louvart fait des merveilles) et d’interprètes formidables (Annabelle Lengronne, en tête, mais aussi Stéphane Bak, Kenzo Sambin et Ahmed Sylla, surprenant), Un petit frère se révèle rempli d’humanité et de douceur, tout en infusant parfaitement bien le politique à l’intime. 

Le film passe habillement de l’innocence de l’enfance à la violence du monde adolescent, là où chacun tente de se construire et de composer au mieux avec l’environnement dans lequel il a baigné. C’est ce que les personnages de Jean (Stéphane Bak) et Ernest (Kenzo Sambin, puis Ahmed Sylla), personnages par ailleurs très bien écrits, illustrent. Tout en ne manquant pas de souligner la violence structurelle d’une France qui semble se plaire à coller des étiquettes permanentes à chacun et chacune. Encore une fois, Léonor Serraille nous touche au cœur avec ce second long-métrage. 

Annabelle Lengronne dans Un petit frère / Crédit : Blue Monday Productions – France 3 Cinéma

Écrire à partir d’une histoire personnelle 

Je crois que le film est né d’un manque, et d’un étonnement de ne pas voir cette histoire-là portée au cinéma, alors qu’elle faisait autant partie de mon pays, de ma vie”, raconte Léonor Serraille quand on la questionne sur l’origine de ce projet. “Ce projet de “roman de famille” est également lié à un besoin que j’avais de raconter une partie de leur histoire à mes enfants, ou du moins une interprétation de cette histoire”. 

En mêlant son histoire de famille ainsi que des questionnements universels (qu’est-ce que ça veut dire être une mère, un frère, un fils, français ?), elle dessine un portrait d’une famille en mouvement, dans un film en 3 parties qui étudie tour à tour un personnage en particulier. 

Avec ce film, elle espère aussi offrir des réponses aux questionnements de sa fille de cinq ans. “Je n’ai pas toutes les réponses à lui apporter alors je cherche comme je peux”, confie-t-elle, portant alors (et d’une belle façon) de nouvelles représentations à l’écran. 

Annabelle Lengronne dans Un Petit Frère / Crédit : Blue Monday Productions – France 3 Cinéma

Qui est Léonor Serraille ? 

Léonor Serraille est une réalisatrice et scénariste française, diplômée de la FEMIS (section scénario). En 2016, elle tourne son premier court-métrage Body. Elle y raconte le quotidien d’une aide-soignante, en froid avec sa famille. L’année suivante, son premier long métrage Jeune Femme (avec Laetitia Dosch dans le rôle principal) est projeté au Festival de Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard. Elle remporte alors la Caméra d’Or, prix du meilleur premier film. La même année, Jeune Femme remporte le prix du meilleur long métrage français au Champs-Élysées Film Festival. Un petit frère est son deuxième long métrage. Projeté dans de nombreux festivals dont le Festival de Cannes, il a été récompensé du prix d’interprétation féminine pour Annabelle Lengronne à Stockholm et aux Arcs.

UN PETIT FRÈRE, un film de Léonor Seraille, avec Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin et Ahmed Sylla. Au cinéma le 1er février.

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